Nom de la famille

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  Tenue que portait Charles Charon dit La Rose Cabanac (ancêtre de la famille Charron dit Cabana) alors qu'il était soldat dans une Compagnie franche de la Marine en Nouvelle-France

 Illustration: Eugène Leliepvre, historien artistique officiel de l'armée française

L'évolution du nom des Charron dit Cabana

ou

 Les Charon, Charron, Cabana, Cabanac, Charon dit Cabana, Charron-Cabana ou Charron dit Cabana, lequel choisir?

Charon avec un "r", avec deux "r", Charon seul, Cabanac avec un "c" ou Cabana sans le "c", Charron avec Cabana, Charon avec Cabana, avec l'adjectif "dit" entre les deux ou simplement avec un trait d'union.  Comment y voir la lumière, pouvoir s'y retrouver et surtout y comprendre quelque chose?  C'est ce que je me propose de tenter de clarifier dans les lignes qui vont suivre.

Nous savons que les surnoms héréditaires ou noms de famille, même s'ils existaient déjà pour plusieurs, sont devenus obligatoires en France à compter de 1539.  A partir de ce moment, tous les sujets du roi furent obligés, sous peine de sanctions, d'ajouter à leur prénom (alors connu sous l'appellation de "nom de baptême") un nom de famille enregistré par les autorités religieuses et de le transmettre à leur progéniture au moment de leur baptême.

Ce surnom, qui était dorénavant transmis à toute la famille , devint ce que l'on appelle aujourd'hui le nom de famille.  Les surnoms ont grandement évolué depuis le début de leur utilisation.  En ce qui concerne la famille Charron dit Cabana, voici mon interprétation, fruit de mes recherches sur la famille, de l'histoire de cette évolution depuis l'arrivée de l'ancêtre de la famille en Amérique.

Cet ancêtre fut connu sous le nom de Charles Charon dit La Rose Cabanac.  Avant d'être fermier et voyageur, il a été soldat d'une compagnie franche de la Marine en Nouvelle-France.  D'abords dans la compagnie de de Jordy, il aurait aussi servi sous les ordres de Lamothe Cadlillac à Détroit puis sous Monsieur Du Vivier dans la région de Montréal.  Il serait arrivé en Nouvelle-France au début des années 1700.

L'acte et le contrat de mariage rédigés à Ville-Marie le 26 février 1713 sont, jusqu'à présent, les deux seuls documents qui nous livrent directement des indices sur l'origine précise de notre intéressé.  On y mentionne que le soldat Charles Charon dit La Rose Cabanac était originaire de St-Aignan, dans le diocèse de Chartres en Beauce dans la province de L'Orléanais, France.

Ceci peut sembler indiquer son origine très précisément sauf qu'il existe au fait, plus d'une demi-douzaine de St-Aignan ou autre variations de ce nom de lieu, qui pourrait être celui qui nous intéresse.  Également lorsque Charles déclare y être originaire, veut-il dire qu'il s'agit de son lieu de naissance, lieu d'engagement pour le service militaire ou, lieu où il passa la majeure partie de sa jeunesse?  Il n'a donc pas été possible pour l'instant de vérifier par le biais de son acte de baptême l'orthographe exact de son nom.  Dans ces deux mêmes documents il est mentionné comme étant le fils de Pierre Charon (un "r") et Marie-Françoise Selles (ou Celles).

Les documents les plus anciens trouvés jusqu'à ce jour où lon mentionne le nom de notre individu sont deux contrats de notaires faits du fort Ponchartrain (Détroit, E.U., aujourd'hui) en 1708 et 1709.  Il est alors inscrit comme étant Charles Charon (un "r") dit La Rose, soldat de la compagnie de Cabanac, dont je traiterai plus loin.  Le surnom La Rose ici était son surnom de militaire.  Il était de coutume à cette époque que tous les militaires, en joignant les services adoptent un surnom qui les identifie un peu comme les numéros matricules d'aujourd'hui.  Le surnom de La Rose était d'ailleurs un surnom très répandu et commun à cette période.  Ce surnom faisait peut-être référence à la Rose des Vents, utilisée comme moyen de navigation dans la marine ou la fleur du même nom.  Même s'il est clair que Charles utilise très peu ce surnom dans la pratique courante et qu'après le mariage de 1713 on ne le retrouve inscrit qu'en de très rares occasions, il semble avoir eu une certaine importance et une signification à ses yeux puisqu'il choisit de le donner.

L'histoire des noms

Quel nom doit-on utiliser?  Quoi faire quand une personne a été connue sous plusieurs noms plus ou moins différents?  Comment déterminer le nom réel d'une personne et particulièrement de nos ancêtres?

A ce sujet il est important de comprendre que les noms de familles ont subi des transformations importantes depuis le début de la Nouvelle-France et le nôtre ne fait pas exception.

Ceci est particulièrement vrai, pour la fin du XIXe siècle ainsi qu'au début du siècle présent.  Cette période correspond avec la fin des dernières vieilles familles seigneuriales du Québec, que les autorités s'affairaient à réduire en pouvoir et en prestige.

Pour une raison qui semble tenir d'un désir de la part des autorités civiles et religieuses de l'époque de faciliter la tenue et la compilation des registres, la presque totalité des surnoms (noms de famille) au Québec ont subi pendant cette période ce que j'appellerais une normalisation et une simplification. Plusieurs noms de famille étaient en effet, composés de plus d'un nom, comme dans le cas de Charon dit Cabana.

A cette époque, ils furent quasiment tous réduits à leur plus simple expression.  Il faut dire qu'à ce moment, en plus de subir une normalisation et une simplification, les noms des franco-américains, émigrés aux États-Unis, ont subi dans certains cas une anglicisation.

On retrouve ainsi par exemple, des membres de la famille aujourd'hui, aux États-Unis, sous le nom de "Cartwright". Son origine? Elle vient sûrement du mot "cart" qui signifie Charrette et "wright" issue du mot "right", l'adjectif qui se traduit par exact et/ou juste.

Il ne s'agit alors que de regarder la définition du mot "charron", soit: "celui qui fabrique et/ou répare des charrettes". Notre lien, pas trop évident si j'ose dire, est alors fait entre les Charon dit Cabana et les Cartwright.  Voyez que nous ne sommes pas bien loin des "Boisvert" qui sont devenus des "Greenwood" ni des "Larivière" qui sont devenus des "Rivers".

Revenons maintenant au cas un peu moins complexe de la famille Charon dit Cabana au Canada et, plus précisément au Québec.  En ce qui à trait à la normalisation, la portion "Charon" (un "r") de notre nom a été amalgamée avec les "Charron" (deux "r").  Ceci s'explique par le fait qu'il y avait déjà beaucoup plus de familles qui portaient le nom de Charron (deux "r").

Elles étaient issues de souche française également, mais de souches très différentes de la nôtre. Citons les Charron dit Ducharme et les Charron dit Laferrière, pour ne citer que les plus connues.  Inutile de dire que ces deux familles sont devenues des Charron, des Ducharme, des Laferrière et, probablement aussi des Cartwright aux États-Unis! 

En ce qui concerne la simplification maintenant, il s'agissait de rendre les noms à leur plus simple expression. Notre nom était déjà passé de Charon dit Cabana (un "r") pour devenir Charron dit Cabana (deux "r").  De là il n'y avait qu'un pas pour le séparer.  Dans notre cas, il y avait deux choix possibles. "Charron" (deux "r") fut choisi par environ la moitié de la famille.  L'autre moitié opta pour le nom de Cabana.

Pour confirmer le vieux principe qui veut que rien ne se perd et rien ne se crée, la roue avait alors fait un tour complet pour la moitié "Charron" de la famille.  Mis à part un tout petit "r" en plus, elle avait retrouvé, bien malgré elle, l'appellation qui remontait à plus de 200 ans dans son histoire.  Cette partie de la famille était par contre maintenant confondue aux autres familles Charron (deux "r") qui avaient des origines bien distinctes.

Cependant, ceci a probablement fait tourner Charles Charon dit LaRose Cabanac dans son lieu de repos.  Il semble, en effet, avoir fait bien des efforts pour différencier sa famille des autres familles ou souches "Charron", principalement en insistant sur le surnom de Cabana (Cabanac à l'origine, qui se prononçait comme Cabana avec le dernier "c" muet) et surtout, en perpétuant le nom de Charon dit Cabana pendant plus de 200 ans dans sa famille.

En ce qui concerne la moitié "Cabana" des membres de la famille, notre nom a pris alors une voie fort nouvelle et confondante pour les chercheurs et les intéressés non avertis.  Heureusement, lorsque cette nouvelle famille Cabana fut créée de toute pièce au moment de la simplification, (il n'en existe pas d'autre de souche française que celle issue des Charon dit Cabana), elle nous assura de toujours se retrouver devant un cousin lorsque l'on rencontre un "Cabana".

Reste que nous sommes tous membres de la même famille et, même s'il est plus difficile de faire le tri au sein des "Charron" pour y retrouver les membres de la famille, il ne s'agit que d'en rencontrer un et d'entretenir une conversation pour reconnaître l'esprit et les valeurs qui nous animent tous.

Quelques rares exceptions ont cependant su tenir tête à la normalisation et à la simplification.  Peu ont conservé Charon (un "r") alors que la plupart sont devenus des Charron (deux "r").

C'est le cas des descendants de Joseph Hubert Charron dit Cabana et de Marie-Paule Vézina de la région de Courville, Québec.  En plus de simplifier on avait déjà commencé la normalisation des surnoms quelques années auparavant.

Un exemple typique de cette période est celle de mon arrière-arrière-grand-père.  Il fut baptisé en 1848 du nom d'Augustin Charon dit Cabana (un "r").  Il devint Auguste Charron dit Cabana (deux "r") sur son contrat de mariage en 1871 et il fut enterré simplement sous le nom de Auguste Charron (deux "r") en 1917.  Il avait cependant fait baptiser ses propres enfants du nom de Cabana seulement.

C'est ainsi que si nous cherchons le père de Alfred Cabana (mon arrière-grand-père) nous trouverons soit Auguste Charron, Auguste Charron dit Cabana (deux "r"), Augustin Charon dit Cabana (un "r"), et même Augustin Cabana.  Comment faire alors pour nommer correctement un individu dans de telles circonstances?

Je crois qu'il est correct, normal et certainement plus pratique en matière de recherches généalogiques de travailler avec un seul nom par individu.  Le nom qui fut choisi par les parents et la famille au moment du baptême, si connu, devrait certainement être pris en considération comme étant le nom officiel pour chaque personne.

L'on se devra également de tenir compte des changements ou additions légales ou importantes par la suite mais, le nom complet reçu au baptême nous assure certainement de pouvoir bien identifier un individu et de le situer correctement généalogiquement.

Dans notre exemple ci-haut l'on référait à l'individu par son nom de baptême soit "Augustin Charon dit Cabana" en s'assurant d'indiquer les changements et modifications connues de son nom afin de pouvoir bien le retracer dans tout document.  On dira alors par exemple qu'Augustin Charon dit Cabana est décédé en 1917 et y est inscrit aux registres sous le nom d'Auguste Charron.  On s'assure ainsi de savoir exactement de qui il est question.

 

 

Jacques Cabana