ANCÊTRE

Jean Cossette - L'ancêtre des Cossette
par André Cossette

Article paru dans Le Trait d'union Cosset-Cossette. Bulletin de l'Association des familles Cosset/te, vol 1, no1, novembre 1999 et vol 2, no1, juin 2000.

NOTE: Les recherches menées plus tard par Guy Cossette, apportent une nouvelle hypothèse : l'ancêtre Jean Cosset pourrait être venu en Nouvelle-France comme soldat du régiment de Carignan. Vous pouvez lire ici un résumé de ces recherches publiées en 2010 et 2015 dans le Trait d’union volume 12 no 1 et volume 17 no 2.

On sait que l'ancêtre des Cossette vivant en Amérique est "Jean Cosset dit le Poitevin" (1). Cependant, contrairement à ce que l'on serait porté à croire, Jean Cosset n'est pas le premier Cosset venu s'établir en Nouvelle-France. En effet, si on trouve la première trace de Jean Cosset en Nouvelle-France dans le recensement 1672 (2), d'autres documents font aussi état de l'arrivée, une dizaine d'années plus tôt, en 1655 et en 1656, de Daniel Cosset, à propos duquel on sait peu de choses, puis de René Cosset, l'oncle de Jean. Quant à Jean Cosset, on ne connaît pas l'année de son arrivée au pays. On sait toutefois qu'il venait du Poitou, ce dont témoigne son surnom "Le Poitevin" (3). Plus précisément, il était originaire de Saint-Hilaire-des-Loges, petite commune (la commune est l'équivalent en France de nos villages), situé dans le Département actuel de la Vendée, dans l'Ouest de la France. Ses parents étaient Jacques Cosset et Renée Mascouin (ou Mascouine)

En quelle année est-il né? Le recensement de 1667 nous précise qu'il avait alors 25 ans. Il serait donc né en 1642. Mais si on se fie à un autre recensement réalisé une quinzaine d'années plus tard, Jean Cosset aurait eu 36 ans en 1681, ce qui indiquerait une naissance en 1645. Enfin, le Dictionnaire généalogique de Jetté indique que Jean Cosset est mort à Neuville le 11-13-1687 à 53 ans, ce qui correspondrait à une naissance en 1634 (avant le 13 novembre). Jean Cosset est donc né soit en 1634, soit en1642, soit en 1645. Cette imprécision illustre bien une des difficultés de la recherche généalogique: il n'est pas toujours possible d'être aussi précis qu'on le souhaiterait parce que les documents sont souvent incomplets ou inexacts.

La meilleure façon de résoudre cette énigme, serait de retracer sa naissance à Saint-Hilaire-des-Loges même, en France. J'y suis allé en 1993 et j'ai pu rencontrer aux Archives départementales de la Vendée (4), à La Roche-sur-Yon, non loin de Saint-Hilaire, un archiviste qui m'a reçu fort aimablement et a tenté de m'aider à retrouver la trace de notre ancêtre. Informé du problème de la date de la naissance de Jean Cosset, il m'a assuré que cette énigme risquait de ne jamais trouver de solution puisqu'on n'a aucune trace d'archives antérieures à 1653 pour Saint-Hilaire puisqu'elles ont été brûlées dans un incendie. L'archiviste m'assure aussi qu'on ne trouvera pas d'archives plus anciennes à la mairie de Saint-Hilaire-des-Loges, ni ailleurs. En fait, si de telles archives existaient, elles seraient, selon lui, nécessairement déposées aux Archives départementales de la Vendée. Il est donc impossible de trouver l'extrait de naissance de Jean Cosset qui nous permettrait de connaître avec exactitude son âge au moment où il épouse Marguerite Loy (ou Éloy), le 12 février 1668.

Le recensement de 1667, qui nous a déjà permis de savoir que Jean Cosset est en Nouvelle-France en 1667, nous informe aussi qu'il est alors "domestique" chez Bertrand Chesney (5) à la "Coste de Beaupré" (L'Ange-Gardien). Ce statut de domestique correspond généralement à celui que les livres d'histoire désignent la plupart du temps du nom d'"engagé". Les engagés, ou domestiques, sont nombreux à l'époque: Lafontaine estime même que "ce groupe représente plus du quart de la population masculine de quinze ans et plus" en 1666 (Lafontaine 1985, p. XII).

Mais qui sont donc ces engagés? Marcel Trudel, qui a réalisé d'admirables études sur la Nouvelle-France, nous précise (Histoire de la Nouvelle-France, vol. III, t. 2, principalement 57-69) qu'il s'agit généralement d'hommes célibataires ayant signé en France un contrat par lequel ils s'engagent à travailler pendant trois ans (d'où leur surnom de "trente-six mois" dont on les affuble quelquefois) en échange du coût de la traversée dans les deux sens et d'un petit salaire, en plus de la nourriture et du logement. Les engagés ne sont pas considérée comme des "habitants" mot qui signifie à l'époque "hommes libres qui étaient propriétaires fonciers dans la colonie". (Dictionnaire du français plus, CEC. 1988, sous le mot habitant. Voir aussi K. Fillion, Essai sur l'évolution du mot habitant). Il leur est interdit de faire du commerce, en particulier la traite des fourrures; ils n'ont pas le droit de fréquenter les cabarets et il ne leur est pas permis non plus de se marier.( Dechene, p. 68). Ces conditions sont dures et de sévères châtiments comme "le fouet, le marquage au fer rouge ou même la peine capitale" (Greer p. 26) sont prévus pour ceux qui tenteraient de s'enfuir, car l'engagé, écrit Lafontaine, est "un homme tenu d'aller partout et faire ce que son maître lui demande comme un esclave durant le temps de son engagement". (Lafontaine, pp. XII et XIII).

Jean Cosset était donc un engagé qui a pris racine en Nouvelle-France. Ce ne fut pas le cas de tous les engagés puisqu'on a estimé qu'environ la moitié d'entre eux sont retournés en France sitôt leurs contrats terminés (Greer, p. 26). On peut penser que ceux qui restaient, et qui sont devenus nos ancêtres, étaient dotés d'une force physique et morale assez remarquable puisque ces qualités étaient nécessaires à la survie dans l'environnement hostile des débuts de la colonie.

En choisissant de rester, Jean Cosset avait peut-être en tête un projet de mariage. En effet, le 23 novembre 1667, il passe un contrat de mariage avec Madeleine Plouard (ou Plouart). Mais ce contrat lui a attiré plus d'ennuis que de satisfactions. Voici comment Jacques Saintonge raconte ce qui s'est passé:

"Comme Cosset ne se pressait pas de donner suite à ce contrat, écrit Sylvio Dumas (Les filles du roi en Nouvelle-France, p. 314) , Madeleine Plouart le traduisit devant la Prévôté, le 31 décembre 1667, en alléguant "que led. Deffendeur s'est vanté qu'elle ne voulait point de lui et qu'elle voulait seulement une pièce d'argent." Le défendeur fut condamné à épouser de demanderesse, mais les deux parties s'entendirent et décidèrent d'annuler le contrat de mariage le 20 janvier 1668". (Saintonge, pp. 49-50)

Jean Cosset ne se laissa pas décourager par sa déconvenue avec Madeleine Plouard, puisqu'il signa, très peu de temps après, à Château-Richer, le 12 février 1668, un autre contrat de mariage, cette fois avec une jeune fille originaire de Saint-Jacques-de-Dieppe en Normandie, Marguerite Loy (ou Éloy) (6) . Elle avait 17 ans. Ils eurent ensemble 7 enfants qui sont les premiers d'une longue lignée conduisant aux milliers de Cossette d'aujourd'hui, dont le noyau dur est encore situé principalement dans le comté de Champlain. Fait cocasse, elle aussi avait signé l'année précédente avec André Poutré (Poutray) un contrat de mariage qui fut annulé et, après le décès de son deuxième mari, Jean Collet, elle fit encore une fois annuler un autre contrat de mariage, cette fois-ci avec Étienne Biguet ou (Bigué). À l'époque, on divorçait avant de se marier!

Jean Cosset eut 7 enfants, 5 garçons et 2 filles. Ses deux filles, Marie et Marguerite se marièrent: la première avec un Bransard dit Langevin et ils sont ensemble la source des familles Bronsard actuelles, l'autre avec un Baribeau avec lequel elle a formé la deuxième génération d'un grand nombre de familles Baribeau actuelles. Jean eut beaucoup moins de chances avec ses fils puisqu'un seul, François, lui survécut. Les quatre autres moururent en plus ou moins bas âge. Ainsi Jean, l'aîné, mourut sans laisser de descendants le 18 septembre 1687, à l'âge de 17 ans (7) à Neuville. Le deuxième fils, Pierre, né en 1678, est sans doute décédé en très bas âge puisqu'il n'apparaît même pas dans le recensement de 1681. Alexis aussi est mort très jeune, à l'âge de 4 ans, le 10 octobre 1687. Quant à René, il est probablement lui aussi décédé en bas âge, comme son frère. En tout cas, il n'a pas laissé de descendance. La lignée des Cosset part donc de Jean, puis elle passe nécessairement par François qui est le seul fils de Jean ayant des héritiers. François épousera en effet Catherine Lafond à Batiscan, le 23 novembre 1694 et ils eurent ensemble 6 filles et 3 garçons.

Jean Cosset mourut relativement jeune, le 13 novembre 1687, quelques mois à peine après le décès à 17 ans de son fils Jean, en septembre de la même année.


RÉFÉRENCES

  1. Une biographie de Jean Cosset, qui nous a souvent servi de point de référence, a été publiée par Jacques Saintonge, dans les pages "nos familles et leurs origines" du Nouvelliste du 22 décembre 1979, portant sur les Cossette. On retrouve la plus grande partie de ce texte dans Saintonge, Jacques, Nos ancêtres, t.4 , 1983, pp.49-55.
  2. On peut consulter ce recensement de même que ceux de 1666 et de 1681 sur microfilm (995.1) aux Archives publiques du Canada (Archives des Colonies, série G1). Ils ont aussi édité une première fois dans Benjamin Sulte, Histoire des Canadiens français, vol. IV et V. Depuis quelques années, on trouve aussi une autre édition annotée: Lafontaine, André, Recensements annotés de la Nouvelle-France 1666 & 1667, Sherbrooke, Qc, réédition 1986.
  3. Ce surnom est assez commun en Nouvelle-France, puisqu'on le retrouve associé à plus d'une vingtaine de noms.
  4. Cette institution dispose d'une collection complète, commençant en 1653, des archives de Saint-Hilaire-des-Loges.
  5. Bertrand Chesney, "sieur de la Garenne", est un Breton qui possède le domaine du fief de Lotinville où se trouve Jean Cosset.
  6. Le dictionnaire de Jetté précise que ses parents étaient Jean et Marguerite Falaize.
  7. Le recensement de 1681, nous informe qu'elle avait 30 ans. Un simple compte à rebours nous conduit à 17 ans en 1668.

BIBLIOGRAPHIE








Jean Cosset - soldat de Carignan ou engagé?
par Guy Cossette

Selon Michel Langlois, dans son livre «Carignan-Salière 1665-1668», publié en 2004, le soldat Poitevin de la compagnie Petit serait Jean Cosset. Après analyse de tous les porteurs de ce surnom, il lui est apparu que c’est Jean Cosset qui répondait le mieux à la possibilité qu’il soit ce «Poitevin» en question. Car deux autres soldats identifiés «Poitevin» se retrouvent dans le régiment de Carignan : un dans la compagnie Saint Ours qui sera identifié Méry (Émery) Arpin ou Herpin et un autre dans la compagnie Saurel qui sera identifié Gabriel Gibault.

Malgré le fait qu’aucun document ne confirme ou suggère cette opinion, voici quelques faits qui pourraient appuyer cette position. Jean Cosset était orphelin depuis 1658. En effet, après avoir perdu son frère Nicolas en mars 1654, sa mère décédait le 29 septembre 1655 et son père était inhumé le 2 juillet 1658. Jean Cosset alors âgé de 15 ou 16 ans a peut-être habité dans la famille de son oncle François (époux de Jeanne Macouin) à Saint-Étienne des Loges après le décès de son père. Son autre oncle René habitait la Nouvelle-France depuis 1656. La famille devait recevoir de la correspondance occasionnellement. Il est donc possible que Jean Cosset, alors âgé d’environ 22 ans, se soit enrôlé au printemps 1665 lors du recrutement du régiment dans la région. En effet, un recrutement avait eu lieu dans la région Aunis-Saintonge-Poitou-Angoumois afin que chaque compagnie ait bien ses 50 hommes. Cet appel réussit si bien que des surnuméraires (environ 70) ont été inscrits avec plusieurs compagnies.

Ainsi, la compagnie Petit comptait environ 58 soldats et surnuméraires selon Michel Langlois. Par ailleurs, Jean Cosset n’apparait pas au recensement de 1666 comme la très grande majorité des soldats. Il est mentionné pour la première fois au recensement de 1667 qui s’est déroulé à l’automne sur la côte de Beaupré alors que la majorité des soldats ont été libérés au printemps de 1667.

Jean Cosset pourrait donc être un surnuméraire recruté au printemps 1665 avant le départ à La Rochelle le 19 avril.

Il n’est donc pas impossible que Jean Cosset originaire du Poitou soit arrivé en Nouvelle-France le 19 juin 1665 à bord du Vieux Siméon étant le soldat «Poitevin» de la compagnie Petit, mais aucun document le confirme ni même le suggère.

Par ailleurs, son statut de domestique au recensement de 1667 et divers autres indices suggèrent qu’il était un «engagé» plutôt qu’un soldat de Carignan. En effet, Jean Cosset, devenu adulte pourrait avoir décidé de s’embarquer sur un bateau en 1666 à titre de passager ou d’engagé, mais dans ce cas également, aucune trace de lui comme passager, ni de son contrat d’engagement n’a été trouvée.

Pourra-t- on un jour identifier avec certitude le soldat poitevin de la compagnie Petit ou encore identifier les passagers des autres navires venus en Nouvelle-France de La Rochelle en 1665 ou 1666 et ainsi savoir hors de tout doute si notre ancêtre Jean Cosset était un soldat ou un engagé?

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