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Le régiment de Carignan-Salières

Le régiment de Carignan-Salières et les Dumas

Au début des années 1660, les quelque 3000 Français de la Nouvelle-France, qui vivent sous la menace constante d’une attaque des Iroquois ou des Anglais, demandent de l’aide au roi de France.

Louis XIV, qui vient de prendre le plein contrôle du pouvoir et qui saisit bien l’importance de la Nouvelle-France, apporte une triple réponse aux demandes formulées par les colons français. Il dote la colonie de nouvelles structures politiques et administratives. Il entreprend d’y envoyer des « filles à marier » : ce sont les filles du roi. Et enfin, il envoie un régiment entier pour pacifier la colonie et s’assurer qu’elle sera respectée par ses voisins.

Ce régiment, c’est le régiment de Carignan-Salières, qui avait été constitué, en 1658, par la fusion du régiment de Carignan (un régiment établi au Piémont depuis 1644) et du régiment de Salières, formé pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648). Il était placé sous le commandement d’Henri de Chastelard, marquis de Salières, et relevait d’Alexandre de Prouville, marquis de Tracy, lieutenant-général des terres françaises tant en Amérique Méridionale que Septentrionale. 1

Le régiment de Carignan-Salières était formé de vingt compagnies de cinquante-trois personnes, troupe et officiers confondus. Il comptait au total 1200 hommes et 80 officiers.

Les premières compagnies arrivèrent en Nouvelle-France le 19 juin, et les dernières au cours du mois de septembre. Dès la fin août, huit compagnies étaient parties construire des forts le long du Richelieu (Sorel, Chambly, Saint-Jean, Sainte-Thérèse et Sainte-Anne).

La venue de ce régiment a eu des effets positifs. Non seulement a-t-il réussi à pacifier la colonie, mais il a contribué à ce que les Français de Nouvelle-France perdent leur mentalité d’assiégés et partent à la conquête du continent.

Autre conséquence positive de la venue de ce régiment : une contribution significative au peuplement de la colonie. Des offres intéressantes furent en effet faites aux officiers et aux soldats pour qu’ils acceptent de demeurer en Nouvelle-France au moment du licenciement des troupes.

« Les officiers se virent offrir des seigneuries. Offre alléchante puisque posséder ses propres terres, c’est-à-dire devenir seigneur, est presque impossible en France. Quelque 30 officiers se prévaudront de ce privilège en 1667 et 1668. Les titres de la plupart des nouvelles seigneuries seront officiellement concédés à leurs propriétaires cinq ans plus tard. »

Quant aux soldats, on leur offrait le choix entre retourner en France sans beaucoup de possibilités d’avenir pour la plupart d’entre eux, ou se voir octroyer en Nouvelle-France une terre et un petit pécule pour assurer le démarrage. Comment s’étonner, dans ces conditions, que 404 soldats et 12 sergents soient demeurés de ce côté-ci de l’Atlantique?

Notons par ailleurs que plusieurs toponymes québécois (noms de localités, de divisions administratives, d’accidents géographiques, etc.) portent le nom d’officiers du régiment de Carignan-Salières : Tracy, Chambly, Carignan, Sorel (Saurel), Contrecoeur, Varenne, Saint-Ours, Rougemont, Boisbriand, Berthier, La Durantaye, etc.)

Le Régiment de Carignan-Salières et les Dumas

Si le Régiment de Carignan-Salières est évoqué ici, c’est que l’un des soldats ayant choisi de demeurer en Nouvelle-France était René Dumas, dit Rencontre, ancêtre d’une lignée dont les descendants se retrouvent aujourd’hui autant au Canada qu’aux États-Unis.

Sources :

Textes préparés par le ministère de la Défense du Canada sur le Patrimoine militaire canadien, publiés sur le site http://www.cmhg.gc.ca/cmh/fr/page_57.asp

Article sur le Régiment de Carignan-Salières sur Wikipédia

Article du Dictionnaire biographique du Canada sur Alexandre Prouville de Tracy (auteur : Léopold Lamontagne)

 

 

1 Louis XIV l’avait fait, en 1663, « lieutenant général dans toute l’étendue des terres de notre obéissance situées en l’Amérique Méridionale et Septentrionale, de terre ferme, et des isles, rivières [etc.] » Citation retrouvée dans l’article du Dictionnaire biographique du Canada consacré à Alexandre de Prouville de Tracy.