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Une documentation abondante

Au Québec, la personne qui recherche de l’information sur ses ancêtres se retrouve dans une situation particulièrement favorable puisqu’elle peut s’appuyer sur une documentation abondante, facilement accessible de surcroît.

Le Québec dispose en effet de quatre siècles de registres d’état civil détaillés, d’actes notariés relatifs aux événements de la vie courante, ainsi que de nombreux documents susceptibles de compléter l’information sur les premiers habitants. C’est que le Québec est l’héritier de la Nouvelle-France et que cette colonie française avait adopté les façons de faire en usage en France, autant pour ce qui est de la tenue de registres de population que du rôle de premier plan reconnu au notaire.

Des registres détaillés

Les registres québécois présentent deux caractéristiques qui les rendent particulièrement intéressants pour les historiens et les généalogistes : ils sont très détaillés et ils constituent des séries continues sur quatre siècles.

Par suite de décisions successives prises par l’Église catholique de France et par les rois de France, les curés, qui avaient la charge de tenir ces registres, devaient y inscrire de nombreux renseignements. Plutôt que de noter simplement les baptêmes, mariages et sépultures, les curés et les missionnaires ont ainsi eu l’obligation, à partir de 1614, d’inscrire le nom et le sexe du baptisé, sa date de naissance et sa date de baptême, le nom de ses parents, l’occupation de son père, le nom du parrain et de la marraine. Dans le cas des mariages, il leur fallait inscrire, en plus de la date du mariage et du nom des époux, le nom de leurs parents, le nom d’un éventuel précédent conjoint, l’existence d’une dispense d’empêchement (degré de parenté et publication d’un ou plusieurs bans), ainsi que le nom des témoins du mariage. Ils devaient aussi préciser l’occupation du marié ainsi que l’occupation du père des époux. Il est important de noter que les femmes mariées étaient toujours inscrites sous leur nom de naissance.

Par ailleurs, les registres étaient toujours tenus en double. L’original demeurait dans la paroisse, mais une copie officielle était remise chaque année aux autorités civiles. C’est ce qui explique que le Québec dispose, à de rares exceptions près, d’au moins une série complète des registres d’une paroisse.

Après 1763, les catholiques francophones de l’ancienne Nouvelle-France ont maintenu leur habitude d’inscrire de nombreux détails dans leurs registres et d’en remettre systématiquement une copie aux autorités. Toutefois, ces registres ne couvrent plus toute la population, puisque celle-ci compte désormais une proportion croissante d’anglophones et de personnes de diverses confessions religieuses. Ceci dit, les catholiques anglophones ont adopté les façons de faire des francophones.

On trouve ainsi au Québec, et ce jusqu’au 20e siècle, un certain nombre de registres beaucoup moins loquaces, tant en matière de mariages que de baptêmes, dans lesquels on se contente le plus souvent d’inscrire le nom des époux, en précisant à l’occasion qu’ils sont « en âge de se marier », comprendre qu’ils ont atteint la majorité. Et comme, dans les milieux anglophones, la femme perd son nom de naissance en se mariant, on ne sait jamais, en cas de remariage, si le nom de l’épouse est le nom de son père ou celui d’un précédent conjoint. C’est la même raison qui explique que la mère d’un enfant ne soit désignée que par son seul prénom : à quoi bon répéter le nom de famille du mari? Les renseignements fournis par de tels registres sont donc moins complets et même moins fiables.

Des registres accessibles

Au Québec, les registres paroissiaux sont facilement accessibles. On peut les consulter sur microfilms ou en version numérisée dans les centres d’archives et dans de nombreuses sociétés de généalogie. De plus, il est même possible de consulter ces registres à domicile en s’abonnant au site www.genealogiequebec.com {On retrouve sur ce site de très nombreux outils de recherche en généalogie, notamment les registres du fonds Drouin et le Lafrance} ou à Ancestry (dans sa version payante, ce site permet d’accéder à des documents originaux, dont les registres paroissiaux). Il faut toutefois savoir que les registres les plus récents ne sont pas consultables pour des raisons de protection de la vie privée. Par exemple, sur www.genealogiequebec.com, on ne peut avoir accès à des données postérieures à 1941, parfois même à 1940.

Par ailleurs, tous ces registres ont fait l’objet de plusieurs dépouillements ayant donné lieu à diverses publications.

Ainsi, le Programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal (PRDH) a entrepris en 1966 de procéder à un dépouillement systématique des registres depuis les tout débuts de la Nouvelle-France. Cet immense travail de recherche a d’abord donné lieu à la publication de 47 volumes à partir de 1980. Ce dictionnaire généalogique du Québec ancien existe maintenant en version numérisée ou est accessible par abonnement sur Internet. Alors que la version imprimée ne couvrait que la période s’achevant en 1765, les versions numérisées se rendant jusqu’en 1800, et même au-delà puisqu’on y trouve la date de décès de nombreuses personnes nées avant 1800.

Par ailleurs, il existe des répertoires de mariages pour la plupart des paroisses, de même qu’un certain nombre de répertoires de baptêmes et de décès. En 1998, quelques sociétés de généalogie ont mis en commun leurs données généalogiques et créé BMS2000, une base de données numérique. De nombreuses sociétés ont depuis rejoint le projet qui fonctionne sur une base coopérative. Disponible par abonnement sur Internet, la base de données BMS2000 comprenait à l’hiver 2015 quelque 3,5 millions de mariages, 5,6 millions de baptêmes et 2,6 millions de sépultures concernant plus de 15 500 patronymes.

Des actes notariés très abondants

Parmi les habitudes françaises adoptées en Nouvelle-France et conservées dans le Québec d’aujourd’hui se retrouve aussi le recours aux actes notariés. On faisait appel au notaire pour les contrats de mariage, les testaments, les donations, les ventes et achats d’immeubles, mais aussi pour toutes sortes d’actions auxquelles on voulait donner un caractère officiel. On trouve ainsi, parmi les actes notariés du Québec, des inventaires après décès, des procurations, des contrats d’engagement, des locations. On a même officialisé de la sorte la location d’une vache.

Ces divers actes peuvent apporter beaucoup d’informations qu’on pourrait chercher en vain dans d’autres sources. Par exemple, c’est par le biais d’un acte notarié qu’on apprend que le navigateur Joseph Dumas, capitaine au long cours, est mort noyé dans le port de New-York : l’acte de sépulture n’indiquait que la date du décès.

Tous les actes notariés de l’époque de la Nouvelle-France ne nous sont pas parvenus. Toutefois, ce qui en reste est quand même impressionnant. Il est possible de s’y retrouver grâce à la banque Parchemin, un inventaire presque complet des divers actes notariés jusqu’en 1784 qu’on peut consulter dans plusieurs centres d’archives et bibliothèques du Québec (voir la liste sur le site de Parchemin), ou encore grâce à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, qui a entrepris de donner accès à tous les répertoires et index des notaires de toutes les régions du Québec, ainsi qu’à la version numérisée de plusieurs de ces actes. D’autres actes numérisés se retrouvent par ailleurs à www.genealogiequebec.com (accès par abonnement).

Autres sources disponibles

Ce ne sont pas là les seules sources permettant de recueillir de l’information sur les ancêtres. Mentionnons les recensements (généraux ou partiels), les archives judiciaires, les listes de malades des hôpitaux ou encore les listes de passagers.