Catherine
de Baillon, naît aux Layes, en Île-de-France, en 1645. Troisième enfant du
second mariage d’Alphonse de Baillon, sieur de la Massicotterie, avec Loyse
de Marle, seigneuresse de Ragonant, la future fille du roi perd son père
alors qu’elle n’a que trois ans. Comme celui-ci était très endetté,
Loyse de Marle doit se départir de la plus grande partie de ses biens. Elle
se remarie en 1649 avec Marq d’Amanzé, sieur de La Fond, ce qui n’empêche
pas le tuteur des enfants du premier mariage de son défunt époux avec Claude
Dupuys de lui créer de sérieuses difficultés.
Mise
à l’écart de sa famille, Catherine de Baillon est placée à l’hôpital
de la Salpêtrière, à Paris, d’où elle ne sortira que pour émigrer en
Nouvelle-France en 1669. C’est à Québec qu’elle épouse, le 12 novembre
1669, Jacques Miville, sieur des Chênes, fils du Suisse Pierre Miville et de
la Saintongeoise Charlotte Mongis établis dans la seigneurie de Lauson en
1649.
Dès
1674, Catherine de Baillon et Jacques Miville s’installent à la Grande-Anse
(aujourd’hui La Pocatière), plus précisément à la rivière Saint-Jean, où
ils consacrent temps et efforts à défricher la terre ainsi qu’à faire la
traite des fourrures. Mais comme ils n’ont jamais pu se relever d’une une
mauvaise saison de traite qui les avait endettés plusieurs années
auparavant, le couple est acculé à la faillite. La vie devient si difficile
que Jacques et Catherine finissent par devenir les fermiers du puissant homme
d’affaires Charles Aubert de La Chesnaye. Mais en ce temps-là, en la
lointaine France, le frère de Catherine, Antoine de Baillon, vit à
Versailles où il sert comme lieutenant de la louveterie du Grand Dauphin,
fils du roi Louis XIV. Nommé gouverneur de la ville de Pont de l’Arche, il
fait un grand mariage avec Marie Marthe Deruel de Beauregard, et ce, en présence
de nombreux grands dignitaires de la cour, et s’établit à l’hôtel de
Rambouillet à Paris.
En
1687, une épidémie de fièvres pourpres (rougeole ?) s’abat sur la
Nouvelle-France. Catherine et son mari Jacques se voient sans doute atteints
par la maladie puisque tous deux succombent, à quelques jours d’intervalle,
à la fin du mois de janvier 1688. Si à leur décès Jacques Miville et son
épouse laissent peu de biens à leurs enfants, il n’en demeure pas moins
que Catherine de Baillon est l’une quatre héritières de son frère mort
deux ans et demi avant elle. Mais comme les de Baillon ont évincé Catherine
de la succession, les enfants Miville doivent s’engager dans une longue
suite de démarches et ce n’est qu’au terme de... 59 ans de patience
qu’ils obtiendront, enfin, la part de l’héritage français qui leur est due.
On estime que Catherine de Baillon compte aujourd’hui plusieurs centaines de
milliers de descendants en Amérique du Nord.
Texte :
Raymond Ouimet (raymond.ouimet@sympatico.ca)
Nicole
Mauger (nicole.mauger@freesbee.fr)
Source : Raymond Ouimet et Nicole Mauger,
Catherine de Baillon - Enquête sur une fille du roi, à paraître aux
éditions du Septentrion, Sillery, à l’automne 2001.
Voir: Loyse de Marle