Histoire d'Antoine Ruest



Les Ruest

Nous voici à St-Michel, une petite commune du département de l'Eure, en Basse-Normandie dans le grand royaume de France. Nous sommes à peu près en 1700 et un petit garçon prénommé Antoine vient de naître. Son père s'appelle Georges Ruais et sa mère Jeanne Chanu. Ils sont d'un milieu très modeste. De l'argent, ils n'en ont point. Des biens matériels, que très peu.

Pourtant dans ce royaume de France, nous en sommes à l'apogée du prestige et du pouvoir au sein de l'Europe monarchique. Le monde entier a les yeux tournés vers Versailles, arbitre des élégances en matière de mode vestimentaire, de mobilier et d'art décoratif. Le monde de la littérature de la musique et des beaux-arts nous donne des noms celèbres comme: Charles de Montesquieu, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Denis Diderot, François Couperin ou Jean-Honoré Fragonard. Et tout cela sous la gouverne du roi soleil en personne. Louis XIV monté sur le trône à l'âge de 5 ans. Ce roi, qui rêve de gloire militaire, veut affaiblir définitivement l'Espagne et la maison d'Autriche. Ces guerres contribueront à affaiblir les finances de la France plus encore que les goûts époustouflants pour les châteaux grandioses et les bals, chasses et plaisirs de toutes sortes que le roi, sa cour et ses nobles consomment allégrement. Tout cela se fait, il faut le dire, au détriment du peuple, qui se voit lentement mais sûrement confiné dans un manque de biens les plus élémentaire.

Louis XIV régnera 72 ans, et survivra à son fils le grand dauphin et même à son petit fils. C'est donc son arrière petit fils qui, en 1715, montera sur le trône à sa suite sous le nom de Louis XV. Celui-ci hérite d'un pays qui semble en pleine prospérité mais dont les finances se trouvent paradoxalement dans un état difficile. Intelligent mais nonchalant, le monarque consacre plus de temps à ses maîtresses, parmi lesquelles Madame de Pompadour fut la plus influente, qu'aux affaires de l'État.

Dans les archives, ont dit que l'on manque de colons pour la Nouvelle-France. En 1799 commence alors une immigration pénale d'une première classe d'émigrants involontaires à venir au Canada. Ce sont pour la plupart des fils de famille en rupture de ban avec leurs parents. Près de 80 jeunes gens passent ainsi aux colonies pour expier leurs frasques ou leur libertinaqe.

Beaucoup plus nombreux sont les repris de justice. On en dénombre 648 pour la période allant de 1730 à 1749. La majorité de ceux-ci se sont rendus coupables d'offenses mineures, comme avoir fait la contrebande du sel ou avoir chassé sur les terres du roi ou des seigneurs. Cela peut vous donner une idée des conditions de vie qui existent à ce moment en France pour le petit peuple. Ce genre de prisonniers condamnés à vivre au Canada donne satisfaction aux autorités qui en 1730, demandent de nouveaux envois.

C'est exactement à ce moment que notre ancêtre Antoine Ruais décide de s'engager comme matelot à bord d'un navire pour traverser l'Atlantique et tenter sa chance dans le nouveau monde. Durant la traversée, ils eurent à essuyer plusieurs tempêtes. Antoine se fit remarquer par le capitaine pour son habileté et son sans peur à monter dans les échelles et les cordages durant ces tempêtes. Alors, quand la situation devenait difficile, le capitaine se plaisait à dire: Je vais envoyer mon chat. C'est ainsi que même aujourd'hui le qualificatif de Ruest «dit le chat» est demeuré au sein de notre famille.

Une traversée en bateau à cette époque tenait plus de l'enfer que du ciel. D'abord les bateaux avaient à peine de 80 à 110 pieds de longueur de coque et de 25 à 30 pieds de largeur. Ils pouvaient embarquer jusqu'à 150 personnes à bord de ces navires. Le froid de l'Atlantique Nord forçait ces gens à s'entasser à fond de cale. À cause du tangage, il n'y avait que très peu de meuble à bord. Tout se faisait alors à même le sol. Dans une partie de l'entrepont, on gardait les animaux destinés aux colons ou pour la consommation durant le voyage. On peut imaginer les odeurs de fumiers en ces lieux clos.

Les latrines ou toilettes si vous préférez étaient rudimentaires et dans cette promiscuité, par beau temps, on allait sur la poulaine, petit pont ajouré par un treillis de bois pour laisser écouler l'eau, tout à fait à l'avant, sous le beaupré, à fleur d'eau. Par mauvais temps, il était toujours dangeureux d'aller sur la poulaine car on pouvait tomber facilement à l'eau emporté par une lame. On n'allait jamais sur la poulaine durant la nuit. Par gros temps et pour les passagers de marque, le pot de chambre était plus recommandé. Les moments où il n'y avait pas de gastro-entérite à bord étaient rares et bénis.

Il était interdit de se laver car l'eau douce était une denrée rare. On se laissait alors pousser les cheveux et la barbe. La nourriture se composait principalement de biscuits français, sorte de galette blanche très nourrissante qu'on amollissait dans de l'eau. Cette ration d'eau douce était très précieuse mais elle devenait malheureusement, vite dégoutante. Elle était conservée dans des barils de bois dont elle en prenait le goût et la couleur. Ce goût était astringent et l'eau en était corrompue. Elle etait remplie de petits vers qui étaient en fait des larves. Mais à l’époque, l'eau était vitale et elle était gardée sous clé, sous la surveillance de l'officier en second, quelque soit l'apparence de celle-ci. Beaucoup ramollissaient leurs biscuits à l'eau de mer.

Tout cela vous donne une bonne idée de ce que notre ancêtre a dû endurer pour finalement arriver à la terre promise.

Mais qu’était donc cette terre promise en 1730? Les routes sont à peu près inexistantes, sans symétrie et sans ponts sur les ruisseaux. Les rivières importantes ne sont pas toutes pourvues de bacs. Il faut traverser en canot. Les hivers y sont terribles pour quelqu'un qui débarque du vieux continent. Les Indiens ne sont pas toujours d'humeur accommodante et les Anglais prompts à la querelle.

Mais, la période de 1713 à 1744, fut une époque de paix au cours de laquelle les colonies tant anglaises que françaises mettront en pratique l'adage ancien qui dit que si tu veux la paix, prépare la guerre.

C'est la guerre et non la paix qui arrive en 1744.

Qu'arrive-t-il à Antoine Ruais à son arrivée ici vers 1730? Et bien, il s’installe à Rimouski ou plus exactement à Pointe-au-Père ou d'ailleurs il y trouve celle qui deviendra sa femme, Marie-Madeleine Desrosiers, fille de Michel Desrosiers.

Les textes du temps décrivent les canadiennes de naissance comme de jeunes filles jolies, instruites, coquettes et ambitieuses. Sieur Bacqueville de la Potherie dit d'elles qu'elles ont de l'esprit, de la délicatesse de la voix et beaucoup de disposition à danser. Elles n'ont l'air ni provinciale ni bourgeois. Ce sont de vraies femmes du monde. Les autorités ecclésiastiques ont pour leur part remarqué qu’elles aiment généralement à étaler leurs attributs. Certaines d'entre elles, note l'évêque de Québec, ne se font pas de scrupule d'avoir la gorge et les épaules découvertes quand elles sont dans leur maison. Nous en avons nous-mêmes rencontré en cet état.

Il nous est alors très facile de comprendre pourquoi notre ancêtre Antoine Ruais, maintenant l'époux officiel de Marie-Madeleine Desrosiers eut 12 enfants.

Une anecdote nous raconte que 4 de leurs enfants soient Jean, Madeleine, Agnès et Véronique se marièrent en même temps le 5 juillet 1774. Agnès et Véronique épousèrent deux frères, soient Toussaint et Germain St-Laurent. Cela fut certainement l'occasion d'une très grande fête.

Sylvie Ruest fille de Clément.

Parlons de l’ancêtre Antoine Ruais

La plupart des ancêtres de plusieurs familles originaient de la France. La Nouvelle Terre était colonie de la France. Elle y trouve les éléments nécessaires pour la vie: bois, poissons, fourrure, etc. Antoine vivait, sans doute très modestement en Basse Normandie. Comme les personnes de son temps, il désirait retrouver la possibilité de se bâtir un avenir plus propice, de sorte que s’offre le rêve de s'expatrier en Nouvelle-France. Il s’engage comme matelot sur un navire, dont le nom est inconnu. Tout de même, Antoine fait une traversée assez difficile, de sorte qu'il se fait remarquer comme un homme intrépide, habile et sans peur par son capitaine. Selon une légende, durant la traversée, une tempête se leva avec férocité. Antoine monta dans les cordages pour ajuster des voiles à un mat. Ce devait être une bonne tempête, car l'ancêtre, à cause de son exploit, reçut un sobriquet, lequel ne sera pas oublié de sitôt. Le capitaine, dans les situations difficiles, se plaisait à dire : "Je vais envoyer mon chat." C'est ainsi que la bravoure et la témérité ont été recompensées par cette appellation.

Une question peut se poser: Comment se fait-il que ce Ruais arrive sur les rives du St-Laurent à Rimouski au lieu de se retrouver à Quebec comme la plupart des ancêtres de la Nouvelle-France? Venait-il sur les ordres du Seigneur Lepage de Rimouski? Était-ce un choix personnel de s'établir à Rimouski? Serait-ce même la difficulté de ce navire à voyager, de sorte qu'il décide de ne pas se rendre plus loin? Nous savons qu'il se maria le 7 janvier 1734 à Rimouski avec Marie-Madeleine Desrosiers dit Dutremble, dont le père Michel demeurait à un mille à l’est de l’église de Pointe-au-Père, endroit appelé «l'Anse au Lard». D'ailleurs, ce sont des «Desrosiers» qui demeurent encore dans cette maison.

De ce mariage naquirent douze enfants, dont les plus prolifiques furent Jean, Joseph et Louis. C'est à partir de ces ancêtres que les Ruest se sont retrouvés à Kamouraska, en Ontario, au Manitoba, au Maine, au Madawaska et qu’aujourd'hui, ils sont un peu partout au Canada. Plusieurs de ces descendants se sont impliqués dans différentes sphères de la société.

Ruais, Ruest

Rouais, seigneurie de Lorraine, érigée en 1712 pour Macquart.

Ruais, dérive du grec ruô, couler, ou de ru, ruisseau, bord, rivage.

Bien souvent dans notre milieu, certaines écritures des registres ont changé des noms, de sorte qu'il eut des confusions parfois.

Descendance de Antoine Ruais et Madeleine Desrosiers

Première génération

2. Antoine Ruais mariage: 7-01-1734, à Rimouski, St-Germain,
avec Marie-Madeleine Desrosiers, naissance 1717, Rimouski, St-Germain,
(fille de Michel Desrosiers et Marie-Jeanne Moreau).

Enfants:

  1. Michel Ruais naissance 13-05-1735, marié en 1762 à Marie Vaillancourt.
  2. Jean Ruest naissance 04-01-1737, marié en 1774 à Rosalie Gagnon
  3. Joseph Ruest naissance 11-08-1738, marié en 1774 à Hélène de Lavoie.
  4. Marie Madeleine Ruais naissance 15-02-1740, Rimouski, St-Germain (décès en bas âge).
  5. Genevieve Ruais naissance 14-11-1741, Rimouski, St-Germain, Baptême: 21-11-1741, Rimouski, St-Germain.
  6. Antoine Ruais naissance 00-00-1743.
  7. Madeleine Ruais naissance 00-00-1746, Rimouski, St-Germain, Bapteme: 28-01-1746, Rimouski, St-Germain, mariage: (1)1774, à Rimouski, St-Germain, Hugues Jacques, naissance Rimouski, St-Germain, mariages (2) à Rimouski, St-Germain, Louis Gasse naissance Rimouski, St-Germain. Madeleine décès 00-09-1804, Rimouski, St-Germain, inhumé: 12-09-1804, Rimouski, St-Germain.
  8. Louis Ruais naissance 00-00-1748, marié à Marie Hudon. .
  9. Agnès Ruais naissance 27-12-1749, Rimouski, St-Germain, Baptême: 27-12-1749, Rimouski, St-Germain, mariage: 05-07-1774, à Rimouski, St-Germain, Toussaint St-Laurent, (fils de Joseph St-Laurent et Marie-Louise Rioux).
  10. Jean-Baptiste Ruais Baptème: 07-05-1758, Rimouski,St-Germain, décès en bas âge.
  11. Véronique Ruais naissance 00-00-1752, Rimouski,St-Germain, Baptême: 23-11-1752, Rimouski, St-Germain, mariage: 5-07-1774, à Rimouski, St-Germain, Germain St-Laurent, naissance 00-00-1750, (fils de Joseph et Marie-Louise Rioux). Véronique décès 00-01-1830, Rimouski, St-Germain, inhumé: 18-01-1830, Rimouski, St-Germain.
  12. Germain Ruais naissance 18-04-1754, Rimouski, St-Germain, Baptême: 18-04-1754.
Charles Ruest
Rimouski



Retour à Antoine Ruais
ancêtre des Ruest d'Amérique



Source: Le Centre de généalogie francophone d'Amérique
URL: http://www.genealogie.org
Conception et réalisation: Le Cid (Le Centre internet de développement)
1997 © Tous droits réservés.