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Journaliste et enseignant
Mario Goupil, un journaliste qui a débuté à ses côtés,
disait de lui: « Gérald était un journaliste en devoir
24 heures par jour. Sept jours sur sept. Il n’a pas raté un incendie,
un accident majeur, de jour comme de nuit, et encore moins une conférence
de presse. Sans jamais oublier les élèves de sa classe d’histoire
ou de géographie. » En effet, pendant 17 ans, de 1972 à
1989, Gérald occupait également un poste d’enseignant
au collège St-Bernard. Il y dispensait des cours d’histoire générale
à raison de 5 à 13 périodes par semaine selon les années.
Il devait être un professeur très intéressant si j’en
juge par une petite anecdote qu’il m’a racontée en toute
simplicité... Un matin de tempête hivernale, professeurs et élèves
devaient attendre en classe qu’une décision soit prise: maintenir
ou annuler la journée d’activités carnavalesques prévue
à l’horaire. Lorsque Gérald
a demandé à ses élèves ce qu’ils voulaient
faire pour passer le temps, ils ont tous répondu: « Donnez-nous
votre cours, donnez-nous votre cours. » Je suis persuadée que
tous les professeurs n’ont pas eu la même réponse...
Pourtant, Gérald Prince avoue avoir préféré le
journalisme. Constamment à l’affût de la nouvelle, il traitait
de tous les sujets, les petits comme les grands, avec respect et rigueur,
cherchant toujours à bien renseigner ses lecteurs. Il considère
avoir été un omnipraticien de l’information. Un titre
qui représente bien le travail de généraliste qu’il
accomplissait. En effet, il ne s’est jamais spécialisé
dans un domaine particulier mais touchait à tous les aspects de la
communauté drummondvilloise et même, il prenait ses propres photos!
Il n’a jamais travaillé dans une salle de rédaction et
voyait donc lui-même à constituer un système de classement,
bâtissant ainsi ses propres archives avec ordre et méthode. Il
se devait d’être très efficace. Il lui arrivait souvent
d’assister à trois conférences de presse dans la même
journée.
De 1972 à 1991, il était chef du bureau que La Tribune maintenait
à Drummondville. Au début, ils étaient trois journalistes
mais la baisse du tirage qui survient en 1980 entraîne l’élimination
d’un des postes. Puis, en 1991, c’est la fermeture du bureau.
Gérald Prince s’installe alors chez lui. Bien sûr il y
voit des avantages, mais lorsque le fax le réveille la nuit, c’est
plutôt désagréable. En effet, certains organismes envoyaient
des textes de nuit de façon a réduire les coûts de téléphonie.
L’intervieweur interviewé
À son contact, on comprend vite qu’il a aimé ce métier
et qu’il l’a accompli avec passion. À la façon dont
s’est déroulée notre entrevue, j’imagine qu’il
devait bien préparer les siennes.
Lorsque j’ai rencontré Gérald Prince, j’ai été
accueillie avec chaleur par un homme qui non seulement avait accepté
spontanément cette rencontre quand je la lui avait demandée
une semaine plus tôt, mais qui avait également pris la peine
de la préparer. Tout naturellement, il m’a donné certaines
coupures de journaux, une précieuse documentation pour la rédaction
de cet article. Et ce qui m’a le plus touchée, c’est qu’il
avait pris le temps de feuilleter ses vieux albums de photos où il
se rappelait d’un cliché qui réunissait ses pa-rents et
les miens. Il voulait aussi m’en faire cadeau mais, ne me sentant pas
le droit d’accepter, je l’ai plutôt emprunté pour
illustrer ce texte avec promesse de le lui rendre ensuite.
On ne s’ennuie pas en compagnie de Gérald Prince. Il semble comprendre
instinctivement ce que vous recherchez, ce qui vous intéresse. C’est
ainsi qu’il m’a raconté comment mon père, Vincent
Prince, et lui sont entrés en contact plusieurs années plus
tôt. Leur première rencontre s’inscrit en 1962, lorsque
Vincent voit le nom de Gérald dans le petit bottin d’adresses
qui répertorie les anciens étudiants du Collège de Chambly.
C’est le début d’une collaboration qui n’a rien à
voir avec le métier de journaliste qu’ils pratiquent tous deux
mais plutôt avec la recherche de renseignements généalogiques
qui
constitue le principal loisir de Vincent. Avec l’aide de son grand-père
qui vit encore à cette époque, Gérald est en mesure de
fournir de nombreux renseignements sur sa famille. C’est ainsi qu’en
1966, mes parents se retrouvent au 30ème anniversaire de mariage des
parents de Gérald, Marie-Rose Houle et Robert Prince. Marie-Rose et
Robert, maintenant âgés de 87 et 90 ans, habitent toujours leur
maison de St-Cyrille et tous deux se portent bien.
Depuis qu’il est à la retraite, un peu plus d’un an maintenant,
Gérald Prince est un homme serein. Il se dit « mission accomplie
» et relate les principales étapes de sa vie sans amertume...
Les grandes étapes
Il a grandi à St-Cyrille où son père, un habile bricoleur,
était cultivateur. Il est l’aîné des six enfants
de la famille. Il a fait de longues études au cours desquelles son
talent de rédacteur est remarqué par ses professeurs. Il a donc
souvent contribué au journal de son école et a même travaillé
pour un hebdomadaire de Chambly. À 22 ans, alors qu’il est novice
chez les Oblats de Marie-Immaculée, il assiste à une conférence
qui lui fait réaliser qu’il n’a aucun goût pour l’aventure
et renonce donc à la vocation de missionnaire que prône la congrégation.
De retour à St-Cyrille, il travaille de nuit dans une imprimerie: il
est linotypiste. En 1960, un nouvel hebdo gratuit fait son apparition: La
Voix de Drummond. Il découvre qu’un de ses anciens compagnons
d’études y travaille. Il le contacte et, dès la seconde
parution, sa chronique, « Nouvelles de St-Cyrille » est publiée.
Toutefois, il ne la signe pas. La Voix de Drummond est le compétiteur
de l’imprimerie où il travaille toujours. Lorsque son copain
quitte l’hebdomadaire l’année suivante, il le remplace.
Son amie de coeur, Jacqueline Allard, une enseignante qu’il épousera
en 1962, lui fait alors remarquer que le journalisme n’est pas un métier
très sûr. Suivant ses conseils, Gérald retourne aux études.
Travaillant les fins de semaine, en un an, il obtient son brevet A et peut
ainsi aspirer à un poste d’enseignant. La faillite du journal,
deux ans et demi après son ouverture, semble donner raison à
Jacqueline...
En 1963, Gérald débute à La Tribune en y travaillant
l’été. Il apprend les trucs du métier. Puis en
1964, c’est la naissance de Guylain et l’année suivante,
celle de Geneviève. Guylain qui a trouvé sa vocation comme frère
Franciscain alors que Geneviève et son conjoint Alain ont deux filles
et un garçon: Audrey-Anne Couturier, née le 16 mai 1994 ainsi
que Camille et William, des jumeaux nés le 23 mars 1998.
Les années filent vite jusqu’à ce que Jacqueline, atteinte
d’un cancer du sein, prenne sa retraite après 35 années
consacrées à l’enseignement. Suivent les traitements de
chimiothérapie et un petit voyage en Italie avant que la maladie l’emporte.
Après le décès de son épouse, survenu le 3 septembre
1997, la santé de Gérald se détériore. L’avènement
d’une nouvelle technologie qui le rebute et des besoins financiers moins
grands poussent alors Gérald à opter pour la retraite.
La retraite
Alors qu’il se rappelle n’avoir reçu que deux ou trois
messages de félicitations pendant toutes ses années de travail
à La Tribune, depuis qu’il a rangé plume et calepin, les
hommages et les éloges ne tarissent plus. Tous, collègues, éditeur,
hommes d’affaires, directeur du cegep, tiennent à souligner son
professionnalisme, sa détermination, son sens du devoir et son dévouement.
Lui qui produisait des textes en quantité et en qualité, offrant
une couverture assidue et éclairée du territoire qu’il
desservait, se voit maintenant qualifier d’ambassadeur infatigable ayant
contribué au rayonnement de Drummondville. En tant que personnalité
de la région, il a aussi été décoré du
Mérite Estrien. Une de ses photos est même exposée au
Musée de Québec. Pourtant Gérald semble plutôt
attiré par une vie discrète auprès des siens.
Depuis un an, en plus d’assister à toutes ces soirées
organisées en son honneur, ses principaux loisirs sont le jardinage,
la philatélie, la lecture et la peinture. Plusieurs de ses toiles agrémentent
les murs de sa grande maison, encadrées ou non, selon qu’il les
considère terminées ou qu’il se réserve la possibilité
de les retoucher. Gérald est aussi, depuis une vingtaine d’années,
un fan du scrabble de compétition et suit assidûment les activités
du club de scrabble Eureka de Drummondville. Il se classe d’ailleurs
parmi les cent meilleurs scrabbleurs québécois. Et, comme il
a conservé, dans de grands cahiers, tous les articles qu’il a
rédigés pendant ses 39 années de carrière, il
possède une source inépui-sable de souvenirs qu’il peut
feuilleter à loisir si le coeur lui en dit.
Il y a poutant un autre projet auquel il ne s’est pas encore attaqué:
l’écriture d’un roman à caractère historique
ayant pour principal personnage Samuel de Champlain, le fondateur de la ville
de Québec. Un projet ambitieux à la mesure de son talent et
de ses compétences. Souhaitons lui longue vie pour qu’un jour
nous ayons le plaisir de le lire à nouveau.
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