LOUIS LEPAGE

par Gérard Lebel

Jeudi le 24e jour de janvier 1664, les membres du Conseil Souverain de Québec se penchaient sur une plainte formulée par un de leurs membres Charles LeGardeur, sieur de Tilly. Et voici leur jugement:

«Sur ce qui a esté représenté par Charles LeGardeur... que le nommé Louis le Page son serviteur domestique, au préjudice des Ordonnances de ce dict Conseil publiées et affichées ou besoin a esté, avoit sans aucun congé quicté son service s'estant retiré en la Coste et Seigneurie de Beaupré. Et oüy sur le procureur général du Roy Le Conseil a ordonné et ordonne que le dict le Page sera pris et appréhendé au corps et constitué prisonnier ez prisons royalles de cette ville pour ester a droict»...

Charles LeGardeur (1614-1695) fut navigateur, gouverneur de Trois-Rivières, membre de la Communauté des Habitants, commerçant, traiteur, l'un des premiers conseillers du Conseil Souverain, un bon et honnête homme. Regretta-t-il d'avoir porté pareille accusation contre son serviteur? Cette condamnation demeure-t-elle lettre morte? Il le semble.

Louis Lepage achevait, semble-t-il, ses 36 mois d'engagement. Il dut arriver au pays en 1661, avec son frère Germain. Ce dernier, 25 ans d'âge, le 3 juin 1664, recevait à Québec le sacrement de Confirmation avec 68 autres confirmands et confirmandes.

Germain avait laissé en France sa femme Reine Lory et son fils René. Louis et Germain étaient donc venus ici en éclaireurs avec la prudence de certains oiseaux migrateurs. Les deux resteront en Nouvelle-France. Germain fera venir ici sa femme et son fils René, qui deviendra seigneur de Rimouski, de Sainte-Claire, de Pachot et de l'Anse-aux-Coques. Même leur soeur Constance Lepage viendra les rejoindre dans une huitaine d'années.

De la Basse-Bourgogne

Louis, Germain et Constance Lepage venaient de la Basse-Bourgogne où, jadis, passèrent les Romains conquérants. L'une des 12 communes de Courson-les-Carrières, chef-lieu du canton de l'Yonne, dans le Nivernais, se nomme Ouanne. C'est là que seraient nés les membres de la famille Lepage. L'église du XVe siècle, dédiée à Notre-Dame, offre encore ses services religieux à plus d'un millier d'habitants. L'archevêché d'Auxerre se trouve situé à une vingtaine de kilomètres. Ce pays de collines et de vallées présente toujours aux regards des visiteurs des champs de céréales et de cultures maraîchères prospères.

D'après nos documents canadiens, Louis serait né entre 1640 et 1642. Ses parents avaient nom: Étienne Lepage et Nicole Berthelot. Louis et Germain possédaient une certaine instruction puisqu'ils signaient avec aisance. Constance Lepage, leur soeur, née vers 1648, arriva plus tard dans la Colonie, probablement en 1672. En effet, le 12 février 1673, elle était marraine de Constance Duchesne, de Saint-François, île d'Orléans.

Une question mérite d'être posée au sujet de Marie-Rogère Lepage, née vers 1631, veuve de Paul Bellefontaine, fille de René Lepage, sieur de la Croix, et de Catherine Millot. Marie-Rogère était native de Saint-Martin, ville de Clamecy, en Bourgogne. Avait-elle des liens de parenté avec Louis, Germain et Constance? Peut-être! Elle vint ici sous l'égide de l'institution des filles du roi. Le 5 décembre 1667, à Québec, elle épousait Roch Thoéry, sieur de l'Ormeau, soldat au régiment de Carignan. Enfin, le 16 octobre 1681, elle convolait de nouveau avec Jean-Baptiste Peuvret, propriétaire de l'arrière-fief de Mesnu dans l'île d'Orléans. Ceux qui se ressemblent se rassemblent, dit l'adage.

À l'île d'Orléans

Le 9 juillet 1664, Germain et Louis Lepage sont des habitants à part entière dans la Colonie; ils peuvent devenir propriétaires, Barbe de Boulogne, veuve de Louis d'Ailleboust, sieur de Coulonges, propriétaire de l'arrière-fief d'Argentenay sur l'île d'Orléans, concède aux frères Lepage 4 arpents de terre de front dans le territoire de la paroisse actuelle de Saint-François. Le 7 juin 1665, Louis, en compagnie de Marie Perreault, fut parrain de Anne Lereau, fille de Simon.

Au recensement de 1666, Louis et Germain vivent bel et bien à l'île. L'année suivante, les recenseurs indiquent qu'ils possèdent 15 arpents en culture et qu'ils vivent entre les voisins Pierre Loignon et Gabriel Rouleau, dit Sanssoucy. Reine Lory et le fils René ne sont pas encore arrivés dans la Colonie.

Louis et Germain travaillent ensemble sur une même ferme, dans la même île.

Louis se marie

À l'été de l'année 1667, les Lepage possédaient une maison et des meubles capables de servir de tremplin à un nouveau foyer. L'heureuse future épouse élue de Louis se nommait Sébastienne Loignon ou Aloignon (à l'oignon!).

L'ancêtre Pierre Loignon s'était engagé au service de Noël Juchereau, le 4 mars 1647. Ce pionnier épousa à Québec, le 8 octobre 1652, Françoise Roussin. Dès le 2 avril 1656, Charles de Lauzon-Charny lui concédait 3 arpents de terre de front à l'île d'Orléans, paroisse de Sainte-Famille. L'aînée de la famille, Sébastienne, naquit le 27 août 1653. Le 7 septembre suivant, elle était présentée sur les fonts baptismaux de Notre-Dame de Québec par François Badeau et Sébastienne Veillon. Le père Jérôme Lalemant versa l'eau du baptême sur le front de la petite.

Mercredi le 24 août 1667, un greffier en compagnie du huissier royal Jean Levasseur s'étaient rendus à l'île d'Orléans par le chenal du nord, pour parafer le contrat de mariage de Louis Lepage et de Sébastienne Loignon âgée de 14 ans.

Du côté de la future mariée, brillaient par leur présence le grand-père Jean Roussin, l'oncle Nicolas, les tantes Madeleine et son mari Michel Huppé, Louise et Jacques Asselin, le capitaine de la compagnie de Maximy au régiment de Carignan, le lieutenant Sixte Charrier de Mignarde, Gabriel Rouleau et Mathurine Leroux, enfin le huissier Jean Levasseur. Du côté de Louis Lepage, se rangeaient son frère Germain, Simon Lereau et Suzanne Jaroussel, sa femme.

Les clauses de la convention matrimoniale, écrites selon les normes de la coutume de Paris, ne possèdent rien de très neuf. Louis offre à Sébastienne le douaire coutumier de 300 livres tournois. Est-ce un outil du greffier? On ne souffle aucun mot au sujet du préciput.

Les Loignon se saignent à blanc pour aider leur fille aînée. Ils promettent de lui donner 2 vaches à lait, 2 jeunes boeufs et 20 minots de blé froment. Pour trousseau, ils offrent à leur fille 2 couvertes, 1 douzaine de chemises toutes neuves, 1 douzaine de serviettes, 3 nappes, 6 draps, 3 plats, 6 assiettes, 1 habit convenable pour les épousailles, 1 autre habit «honneste», 2 douzaines de mouchoirs, 24 coiffes. Le texte du contrat fut versé au minutier du notaire Duquet, de Québec. Louis et Sébastienne, le 30 janvier 1669, donnaient une quittance générale à Pierre Loignon et à son épouse pour tout ce qu'ils avaient reçu.

Hélas! l'acte de la bénédiction nuptiale est introuvable dans nos registres. Perdu! Mais, Sébastienne et Louis demeurèrent unis à la vie et à la mort.

Réorganisation

Les Lepage vécurent ensemble pendant quelques années. Sébastienne s'occupait de tenir maison: Germain et Louis, de tenir la ferme. L'année 1672 semble avoir apporté les premiers changements majeurs dans la vie de la famille Lepage.

Reine Lory, René Lepage, 13 ans et Constance Lepage arrivèrent en Nouvelle-France, cette année-là. Ce fut une très longue attente pour Germain. Le 12 février 1673, René fut parrain de Constance Duchesne en compagnie de sa tante Constance. Puis, le 11 septembre 1673, Reine Lory se présente comme marraine du troisième enfant de Louis et de Sébastienne.

La famille réunie au grand complet dut se réorganiser. Le 24 octobre 1672, les frères décidèrent de partager leur ferme en deux parties. Louis prit les 2 arpents du côté de la veuve Chartier, avec la maison au-bas de la côte, près de la grève, celle qu'ils avaient construite ensemble sur les 2 arpents appartenant à Germain. C'est pourquoi Louis gardait un demi-arpent de plus. Le voisin de Germain était Pierre Mailloux, dit Desmoulins.

Est-ce que l'organisation Lepage avait des contraintes irritantes?... Le 14 août 1673, les frères vendirent leur terre aux Hospitalières de Québec, par l'intermédiaire de Nicolas Huot, dit Saint-Laurent, leur procureur. L'arpenteur Jean Guyon mesura les 4 arpents «du passage du Nord de la dite isle sur laquelle sest rencontré six arpents et demy... de terre nette et un arpent et demy de bois abattu... avecq un corps de maison». Les religieuses prendront possession du tout quand bon leur semblera. Prix de cette vente cession: 415 livres tournois.

Les religieuses avaient promis verbalement une autre concession à Louis. De toutes façons, le 1er août 1677, au monastère de l'Hôtel-Dieu de Québec, elles concédèrent à Louis Lepage 3 arpents de terre de front sur le fleuve Saint-Laurent, paroisse Saint-François, seigneurie d'Argentenay, côté sud de l'île. Ces 3 arpents de front s'ajoutaient à autant d'arpents concédés à une date antérieure qui nous est inconnue. Les voisins nommés sont Simon Chamberland et Germain Lepage. Gilles Roger, huissier, Étienne Marandeau signent l'acte de concession comme témoins. Louis possédait donc 6 arpents de terre de front.

Au recensement de 1681, Louis, 40 ans et Sébastienne Loignon, sa femme, 30 ans, possèdent 1 fusil, 11 bêtes à cornes, 12 arpents de terre en culture. Pierre Labbé et François Garinet sont mentionnés comme leurs paisibles voisins.

Lumières nouvelles

Il n'est pas toujours facile de comprendre les déplacements de Louis Lepage et de sa famille. Un acte du notaire Paul Vachon, le 4 février 1682, nous apporte quelque lumière. Simon Chamberland et Marie Boisseau, sa femme, donnent une quittance à Louis Lepage pour une somme de 360 livres «pour cause et acte de livraison de l'habitation scituée en la ditte seigneurie dargentenay»... Le maître chirurgien de Beaupré, Louis Moreau, et Nicolas Métru, huissier royal parafent ce reçu avec le notaire.

Cependant, la terre en question n'avait pas encore été vendue officiellement. Ce n'est que le 22 août 1686 que Chamberland avoue devant notaire avoir vendu, le 9 janvier 1678, à Louis Lepage, une concession de 3 arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent, passage du sud. Jean Guyon, arpenteur juré, le 25 août 1678, avait rédigé un procès-verbal d'arpentage de la dite concession. De plus, Simon reconnaît avoir reçu en 1682 en plus des 360 livres, 10 livres pour les épingles en faveur de sa femme Marie Boisseau.

L'ingénieur et cartographe Robert de Villeneuve durant l'année 1688, semble-t-il, avait représenté sur papier les environs de Québec, en particulier de l'île d'Orléans. Cette carte fait voir dans la paroisse de Saint-François-de-Sales la grange et la maison de Louis Lepage aux numéros 44 et 46, côté sud de l'île, à quelques arpents à l'ouest de l'église.

Mille livres dans une cassette

Françoise Roussin, mère de Sébastienne et belle-mère de Louis, décéda le 3 décembre 1691 à l'Hôtel-Dieu de Québec. Son mari Pierre Loignon l'avait précédée dans la tombe depuis un an environ. Or, avant de mourir, il s'était passé quelque chose d'étrange autant que mystérieux au sujet de Françoise Roussin.

Quelques jours avant le décès de l'aïeule, les beaux-frères Louis Lepage, Étienne et Nicolas Drouin, Jean Gagnon et Antoine Paulet avaient délégué Pierre Roberge pour essayer de faire la lumière. Le 28 février 1692, le notaire Claude Auber avait rédigé une requête en bonne et due forme. Le pot aux roses avait été découvert par le fils Charles Loignon, Paul Dupuis, procureur du roi, avait reçu les dernières volontés de la défunte. La cassette contenant les 1 000 livres, affirma Paul Dupuis, se trouve entre les mains d'une personne connue. Coup de tonnerre! Les volontés de la défunte sont que les 1 000 livres aillent à son fils Charles, mais en secret. Si la nouvelle s'ébruite, cette portion d'héritage devra être partagée également entre tous les héritiers. Le fils Charles, magnanime, déclara qu'il ne méritait pas plus que les autres. Les perles de la cassette furent donc partagées avec équité...

La terre ancestrale Loignon, située à Sainte-Famille, possédait 6½ arpents de front sur le fleuve. C'est Charles Loignon qui fit l'acquisition de cette ferme paternelle en rachetant la part des autres héritiers. Louis Lepage et sa femme acceptèrent la somme de 800 livres sans compter 50 livres d'épingles venant de Charles et du tuteur Jacques Asselin. Cette vente fut signée le 19 octobre 1695. Louis reçut comptant 300 livres. Cet héritage fournissait un apport secourable au foyer Lepage.

Quatorze chapitres

Le livre de vie de la famille de Louis Lepage et de Sébastienne Loignon se compose de 14 chapitres de longueurs inégales. Voici les titres: Étienne, Marie-Madeleine, Renée, Pierre, Joseph, François, Marguerite, Élisabeth, Rose, Jean, Germain, Angélique, René-Louis et Marie-Madeleine. Ils ont été rédigés avec amour entre le 8 avril 1669 et le 12 janvier 1699, l'espace de 30 ans.

Les filleuls de l'oncle Germain: Étienne et Germain ne survécurent pas. Renée, filleule de la tante Reine Lory, ne vécut que l'espace de quelques semaines. Les registres de la paroisse Saint-François de l'île furent ouverts à l'été de 1679. François Lepage fut le premier de la famille à recevoir le baptême à l'église de Saint-François. Ce fils, le 6 novembre 1704, fit donation pour cause de mort à Joseph Lepage, son frère. Était-il malade? Avait-il décidé de devenir coureur de bois? Puis, nous perdons la trace de ce 6e enfant de Louis et de Sébastienne.

Marie-Madeleine, l'aînée des filles Lepage, unit sa vie à Gabriel Thibierge, fils, veuf de Anne Perrault, père de 6 enfants; elle lui en donna une douzaine d'autres pour assurer sa descendance.

Pierre Lepage aima Marie-Madeleine Turcot. Ils se marièrent à l'église de Sainte-Famille le 3 mai 1700 et devinrent responsables de 7 rejetons.

Claire Racine, de Sainte-Anne du Petit-Cap, conquit le coeur de Joseph Lepage: bénédiction nuptiale le 21 février 1707. Cette brave femme, mère de 8 enfants, décéda à Saint-François, I.O., le 11 mars 1728. Joseph se remaria à Montmagny, le 1er août 1729, avec Marie Fournier.

Angélique Lepage s'allia à la famille Bilodeau en épousant Antoine le 10 juillet 1713, à Saint-François. Hélas! son homme fut tué par le tonnerre, à Berthier, le 19 juin 1728. Veuve et mère de 5 enfants, Angélique, convola en justes noces au même endroit, le 24 avril 1730, avec Joseph Daniau ou Dagneau, fils de Jean et de Françoise Rondeau.

La cadette Marie-Madeleine Lepage entra dans la famille Guérard en acceptant pour son homme Charles, le 13 avril 1722. Le couple fit souche par ses 9 enfants.

Louis Turcot conquit le coeur de Marguerite Lepage, le 15 mars 1706; Marc Beaudoin, celui d'Élisabeth, le 13 avril 1711; Antoine Pépin, dit Lachance, le 12 novembre 1709, celui de Rose.

Baptisé le 2 juin 1689, Jean Lepage ne se maria que le 15 juillet 1723 avec Marie Gagnon, fille de Jean Gagnon et de Anne Mesny.

René-Louis devient capitaine de navire. Il fut le seul à se marier à Québec. Le 6 juillet 1725, il épousait Marie-Thérèse Bisson, née d'Antoine et d'Ursule Tru. Le généalogiste Tanguay leur attribue 6 enfants, tous nés à Québec. Après la mort de René-Louis, Thérèse Bisson épousa le veuf Jean Vallée, le 12 janvier 1739, à Québec.

Ces 14 chapitres résument le second tome de la collection des Lepage, Le Page ou Page, collection vivante, jamais terminée.

Page à la cour du Roi

Les pionniers Lepage et associés changèrent un jour de patelin pour devenir pages à la cour du Roi céleste. Constance, femme de François Garinet, partit la première. Elle fut inhumée le 18 août 1688. Reine Lory, après 1696, n'apparaît plus dans nos registres d'ici-bas.

Sébastienne Loignon, 49 ans, décéda le 2 décembre 1702 à Saint-François, peut-être victime de la fameuse épidémie qui commençait à faire des ravages dans la région de Québec. Jacques Beaudoin et Louis Juchereau, sieur de Saint-Denis, furent les témoins de ses funérailles, le dimanche 3 décembre. Elle laissait orpheline une bambine âgée de 3 ans, Marie-Madeleine.

Louis Lepage survécut à son épouse pendant 8 ans environ. Son corps fut inhumé dans le cimetière de Saint-François, le 27 novembre 1710. Le prêtre de passage Pierre-Joseph-Thierry Hazeur ne fit que signer son nom dans le registre à la suite de celui du défunt. Voilà un acte de sépulture sommaire!

La troisième génération, dont presque la moitié n'avait pas encore atteint l'âge adulte, réussit à survivre, grâce à l'entraide et à la fraternité, ce que les sécurités modernes bien patentées ont peine à atteindre.

Jean Lepage, appelé Jean-Baptiste par le greffier du Conseil Souverain le 15 février 1712, demande qu'on lui donne ses héritages et affirme qu'il veut «Jouir par luy mesme du revenu de son bien et de ses meubles»... Les juges lui promettent des «lettres de bénéfice d'aage».

Puis, plus d'un mois plus tard, soit le 5 avril 1712, le sieur de la Martinière rapporte que Louis Dallaire, premier marguillier de la Fabrique de Saint-François, s'oppose à l'exécution d'un jugement énoncé le 13 novembre 1710 par l'intendant Jacques Raudot et voulant que le dit Louis Lepage, fils, puisse jouir de l'usage d'un banc autre que celui qu'il utilise présentement. Le marguillier Dallaire eut raison.

À l'aveu et dénombrement du fief de l'île d'Orléans rédigé en 1725, nous lisons ceci: «Qu'audessus (de Louis Marsault) sont les héritiers de Louis Lepage qui possèdent sept arpents de terre de front sur lade profondr chargés de quatre Livres quinze sols de france et cinq chapons de rente et deux sols trois deniers de Cens aussy de france lesquels ont maison, grange, étable, et environ cent ving arpens de terre Labourable».

«La culture, écrit Paul Savard, peut se définir par la mémoire de ceux qui sont venus et de ce qu'ils ont laissé de mieux. C'est un ensemble de valeurs qui s'inspirent du passé, mais qui peuvent être destinées à améliorer notre propre condition et qualité de vie. Reconstituer la vie d'un ancêtre, c'est tenter d'étreindre une histoire qui ne nous est pas entièrement étrangère».

Les descendants de Louis Lepage et de Sébastienne Loignon sont aujourd'hui multitude. Une simplicité de bon aloi et une noble fierté semblent être leurs caractéristiques spécifiques. Le cadre de vie des générations héritières a changé, mais l'héritage génétique, intellectuel et spirituel vaut infiniment plus que le cadre qui soutient le tableau.

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