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Les Forges du Saint-Maurice

Les Forges du Saint-Maurice et les Dumas

Pendant à peu près un siècle et demi, à une dizaine de kilomètres en amont de Trois-Rivières, les rives du Saint-Maurice ont été le théâtre d’une activité industrielle intense. Les Forges du Saint-Maurice ont été le premier établissement industriel de Nouvelle-France ainsi que sur tout le territoire qui correspond au Canada actuel.

Très rapidement après les premiers établissements de la Nouvelle-France, on avait constaté la présence à cet endroit d’un minerai de fer affleurant. Déjà vers 1670, un maître de forges, amené en Nouvelle-France par l’intendant Talon, avait qualifié de très prometteurs les gisements de fer de la région de Trois-Rivières. Du minerai fut extrait, mais le maître de forges, repassé en France, ne revint pas, et l’exploitation de la mine cessa.

Il fallut attendre un demi-siècle pour que la question revienne d’actualité. En 1730, un monopole d’exploitation de vingt ans fut accordé par le roi Louis XV à François Poulin, seigneur de Francheville, qui constitua, trois ans plus tard, la compagnie des Forges du Saint-Maurice peu de temps avant de mourir.

Les premiers résultats obtenus par la compagnie responsable de l’exploitation des forges ne sont pas satisfaisants. Toutefois, un jeune maître de forge champenois, François Pierre Olivier de Vézin, mandaté comme expert, propose un nouveau mode de réduction susceptible d’assurer la rentabilité de l’entreprise. Des bâtiments et des installations sont rapidement construits. Des ouvriers spécialisés sont recrutés en Champagne et en Bourgogne. Un village est fondé.

En 1742, les Forges deviennent propriété du roi de France. De bonne qualité, le fer produit aux Forges du Saint-Maurice alimente le nouveau chantier naval royal de Québec ainsi que l’arsenal de Rochefort. Comme l’écrit en 1749 le naturaliste Pehr Kalm, « le fer que l'on forge ici a la réputation d'être doux, malléable, difficile à casser; on dit qu'il a la propriété de ne pas rouiller vite, si bien qu'en matière de construction de navires il y a une grande différence entre lui et le fer espagnol »

Avec 1763, les Forges deviennent propriété du roi d’Angleterre., qui les loue à divers exploitants pendant qu’un marchand, Mathew Bell, en assure l’administration, ce qu’il fera avec compétence et efficacité pendant 53 ans. Les Forges se spécialisent alors dans la production de produits de fonte moulée destinés localement au chauffage, à l’alimentation et à l’agriculture.

Après la vente de l’entreprise à des intérêts privés en 1846, l’entreprise périclite et ferme en 1858. Les installations sont alors achetées par John McDougall, un marchand trifluvien, qui réussit à relancer la production pour combler les besoins de

la grande industrie. Malgré une bonne gestion, il lui faut finalement abandonner, et les Forges ferment définitivement en mars 1883.

Le site se retrouve alors à l’abandon. Les bâtiments se dégradent, et constituent une réserve de matériaux bon marché pour les environs.

Une étude publiée en 1920 par l’historien Benjamin Sulte amène les autorités à prendre conscience de l’importance historique de ce premier site industriel. Une plaque commémorative est installée sur place en 1923 par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.

Ce n’est qu’en 1963 que les lieux sont achetés par le ministère des Affaires culturelles du Québec, qui, dans le cadre d’une entente Canada-Québec, cède en 1973 au gouvernement canadien la propriété et le droit d’utilisation des terrains des Forges.

Un lieu historique national

Décrété lieu historique national dès 1973, le site devient, au cours des trois années suivantes, l’un des plus importants chantiers archéologiques au Canada, et même en Amérique du Nord. Des millions d’artéfacts ont été mis au jour. En s’appuyant sur les vestiges existants et la documentation historique, on a reconstruit la grande maison du directeur, qui servait aussi d’entrepôt et de magasin. Si l’apparence est la même, la bâtisse d’aujourd’hui abrite un musée, des salles polyvalentes et les bureaux de l’administration du site.

On a aussi reconstruit, sur les anciennes fondations, le complexe du haut-fourneau principal, avec sa halle (où on entreposait à l’époque le minerai, la pierre et le charbon de bois), son logis du fondeur (sur les lieux, pour pouvoir surveiller les opérations qui se déroulaient toute la journée) et le haut-fourneau proprement. Des structures métalliques permettent de reconstituer visuellement le haut-fourneau et aident à en comprendre le fonctionnement. On a même construit une reproduction à l’échelle de la grande roue, actionnée par un petit ruisseau, qui fournissait l’énergie nécessaire à la transformation par martèlement de la fonte en minerai de fer.

À l’intérieur, des maquettes aident à comprendre les différentes étapes de production, depuis la récolte du minerai et la préparation du charbon de bois, jusqu’à la production de la fonte et du fer, et la fabrication d’objets domestiques.

Les Forges et les Dumas

Pourquoi parler des Forges à propos des Dumas?

Tout d’abord, parce qu’Alexandre Dumas, négociant de Québec, et Jean Dumas dit Saint-Martin, négociant et juge de paix de Montréal, ont fait partie d’un groupe d’associés (formé autour de Christophe Pélissier) qui a obtenu, en 1767, le bail des Forges du Saint-Maurice pour une durée prévue de 16 ans. Alexandre Dumas acquit

ce bail pour lui-même au début de 1778, et il s’installa sur les lieux. Ce bail ne fut pas renouvelé en 1782.

On peut aussi souligner qu’un petit-fils de François Dumas de Nanteuil-en-Vallée, André, a vécu trois ou quatre ans au village des Forges où il était boulanger. Il est a fait baptiser trois enfants entre 1745 et 1749.

 

Sources :

Le site du Lieu historique national du Canada des Forges-du-Saint-Maurice

L’article de Wikipédia français consacré aux Forges du Saint-Maurice

Dictionnaire biographique du Canada en ligne,articles sur Jean Talon, Alexandre Dumas et Jean Dumas Saint-Martin