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Le régime seigneurial

À partir du moment où la France entreprend de considérer la Nouvelle-France comme une colonie de peuplement, elle met en place une forme de régime seigneurial Des portions de territoire sont concédées à des nobles, mais aussi à des personnes que le roi veut récompenser, à charge pour eux de s’y établir (avoir feu et lieu), d’y construire routes et moulins, mais plus encore, de voir au peuplement et à la mise en valeur de ce territoire. Les colons, à qui des terres étaient concédées dans une seigneurie, devaient payer chaque année au seigneur des cens et rentes, dont les montants étaient très peu élevés, et lui fournir trois jours de corvée. De plus, ils devaient utiliser les moulins seigneuriaux.

Les terres concédées dans les seigneuries avaient la forme de rectangles étroits (de 2 à 4 arpents de front, contre plusieurs de profondeur). Elles avaient toutes, du moins dans une première époque, une façade sur le fleuve Saint-Laurent ou un cours d’eau important : malgré l’obligation faite aux seigneurs de construire des routes, les cours d’eau ont longtemps constitué la seule véritable voie de communication. Par la suite, à mesure que la population augmentait dans une seigneurie, une deuxième rangée de terres était concédée derrière la première, puis une troisième, etc. Ces nouvelles terres étaient desservies par un « rang », nom donné au chemin qui les réunissait.

Chaque colon construisait sur sa terre une maison et les divers bâtiments dont il avait besoin pour loger ses animaux et entreposer son foin. Ainsi s’est constitué un habitat dispersé dans lequel les maisons s’égrenaient à une certaine distance les uns des autres.

Pendant longtemps, il n’y eut, le long du Saint-Laurent, que des embryons de villages autour de la maison du seigneur et de ses dépendances. On y retrouvait généralement une chapelle ou une petite église, avec son cimetière, la forge seigneuriale et la demeure du forgeron, ainsi que le moulin banal avec la demeure du meunier. La plupart des artisans exerçaient leur métier à partir de leur terre.

Hors des villes comme Québec, Trois-Rivières et Montréal, et les quelques bourgs d’importance souvent situés à proximité, le seul lieu de rassemblement fut le plus souvent le perron de l’église.