Ossements retrouvés
dans le tombeau de la famille Johnson

MICHEL PHANEUF (Le Canada Français 4 décembre 2002)

Le site de l'ancien caveau funéraire de la famille Johnson, à Mont-Saint-Grégoire, a de nouveau reçu la visite des archéologues cet automne. Gérard Gagné (notre photo) et son collègue y ont retrouvé de nombreux ossements. Beaucoup plus nombreux en fait que ce à quoi les historiens auraient pu s'attendre.

Projet réalisé avec le soutien financier du ministère de la Culture et des Communications du Québec


(photo Jacques Paul)


Les archéologues retrouvent de nombreux ossements dans l'ancien tombeau de la famille Johnson

Déja exploré une première fois en 1999, le site de l'ancien caveau funéraire de la famille Johnson à Mont-Saint-Grégoire a de nouveau reçu la visite des archéologues cet automne. De retour à la demande de la Société d'histoire du Haut-Richelieu, les deux spécialistes ont poursuivi les recherches amorcées il y a trois ans, ce qui leur a permis de retrouver de nombreux ossements. Beaucoup plus nombreux en fait que ce à quoi les historiens auraient pu s'attendre.

Bien que le site ait été considérablement perturbé - le tombeau qui abritait les restes de l'ancien seigneur de Monnoir et de sa famille a été laissé à l'abandon dès la seconde moitié du 19e siècle, pillé à maintes reprises puis démoli au buldozer à la fin des 50 - la quantité d'ossements mis au jour laisse penser que les restes d'une bonne dizaine de personnes, peut-être même plus, se seraient trouvés à cet endroit, nous dit M. Gérard Gagné, ostéo-archéologue qui a procédé aux fouilles en compagnie d'un autre collègue archéologue, M. Christian Bélanger.

Comme l'explique M. Gagné, la tradition orale voulait que la plupart des dépouilles aient été transportées ailleurs au moment de l'abandon du caveau. Les découvertes faites lors des fouilles de 1999 et de 2002 tendent à démontrer que cette rumeur n'était pas fondée.

Chose assez particulière, bien que, parmi les ossements retrouvés, on compte beaucoup d'os du corps, tibias, fémurs, etc., les crânes ou les fragments de crânes sont, eux, beaucoup plus rares. Ce qui porte à croire que plusieurs crânes auraient été volés lors des pillages qui ont eu lieu au fil du temps.

Autre surprise : la découverte d'ossements d'enfants. À l'heure actuelle, on pense avoir retrouvé les restes d'au moins deux enfants, indique l'ostéo-archéologue; l'un d'eux très jeune - un ou deux ans - et l'autre âgé d'une dizaine d'années. Or l'inhumation d'enfants dans le caveau familial n'apparaît pas dans les registres officiels, souligne-t-il.

Le fait que des ossements aient été retrouvés dans l'ensemble du caveau constitue également un élément imprévu voire inusité, ajoute M. Gagné. En effet, les spécialistes s'attendaient à ce que seulement une des deux sections que comprenait le caveau ait servi à l'inhumation proprement dite. Or, lors des fouilles, on a retrouvé des os dans les deux sections. On ignore toutefois si cette situation est due à l'aménagement des lieux par ses responsables ou aux perturbations qu'a subies le site au cours des années subséquentes.

Les fouilles sur le site de l'ancien tombeau des Johnson au Monto-Saint-Grégoire ont été entreprises en 1999. Elles visaient d'une part à retrouver les vestiges du caveau funéraire et d'autre part à en apprendre  davantage sur les gens qui y avaient été inhumés.

Dès le début, la découverte des fondations du caveau et de nombreux ossements, dont ceux des enfants, a incité les archéologues à recommander de pousser plus loin les recherches.

Une deuxième phase, financée à part égale par la Société d'histoire du Haut-Richelieu et le ministère de la Culture, a donc été entreprise en octobre 2002 afin de compléter le projet, exhumer les ossements et les artéfacts retrouvés dans le caveau et les étudier.

Les fouilles étant maintenant complétées, reste à M. Gagné à nettoyer et à identifier chaque os pour tenter de reconstituer, dans la mesure du possible, les squelettes et déterminer combien de personnes ont été inhumées, bref à, «remettre le puzzle en place», indique-t-il.

Sir John Johnson fut propriétaire de la seigneurie de Monnoir de 1794 à 1826. Selon les renseignements dont disposent les historiens, le caveau funéraire qu'il fit construire à Mont-Saint-Grégoire fut utilisé de 1812 à 1864. Certains historiens pensent toutefois que sa construction daterait du tout début du 19e siècle, voire de la fin du 18e.

 

Les différentes personnes impliquées dans le projet de fouilles sur le site du tombeau des Johnson : Michel Daunes, conjoint et collaborateur de Mme Poulin, Nicole Poulin, présidente de la Société d'histoire du Haut­Richelieu, Christian Bélanger, archéologue, Richard Eldridge, président de la Sir John Johnson Centenial Branch United Loyalists, et Gérard Gagné, ostéo-archéologue.

(photo Jacques Paul)